Enseigner sans s’épuiser : 7 astuces qui vont te changer la vie
L’épuisement professionnel des enseignants est une réalité, et il est en hausse. Les premiers résultats du baromètre du bien-être au travail collectés par la DEPP en 2022 auprès de 62 000 enseignants sont édifiants. Les enseignants déclarent de manière générale un sentiment d’épuisement élevé, conséquence des conditions de travail qui se sont dégradées, de l’augmentation des tâches qui leur sont confiées et du manque de temps pour parvenir à tout gérer.
Ce constat nous amène à réfléchir sur nos pratiques professionnelles. Alors, si on arrêtait de vouloir être le prof parfait qui est sur tous les fronts, qui multiplie les projets, qui travaille d’arrache pieds la journée, le soir et les week-ends. Et si on apprenait à lâcher prise, à ralentir, à prioriser. Un prof bien dans ses baskets sera incontestablement plus patient, plus à l’écoute et fera du meilleur boulot avec ses élèves. Il m’a fallu quelques années pour le comprendre et le mettre en pratique. Laisse-moi maintenant te donner quelques astuces pour améliorer ton quotidien et enseigner sans s’épuiser.

1. Limiter le temps passé à l’école
Nous sommes nombreux à arriver très tôt le matin ou à repartir très tard après la classe.
Il faut imprimer les documents, les découper, les classer, corriger les cahiers, préparer la séance suivante… Et puis, il y a les réunions, avec les parents, la psychologue scolaire, le Rased, les collègues,…
Et si tu passais moins de temps à l’école ?
Mais si, bien sûr que c’est possible. Enseigner sans s’épuiser, c’est mettre en place, petit à petit, de nouvelles habitudes qui te conviennent.
Si ça ne te dérange pas, les réunions peuvent se faire pendant la pause repas. Une partie des réunions peuvent se faire en visio également ou par échange de mails. Investis dans un massicot que tu garderas dans la classe pour découper les feuilles au fur et à mesure. Trouve l’organisation qui te correspond et quand tu arrives à l’heure que tu t’étais fixée, tu t’en vas !
2. Planifier des périodes libres
Laisse des périodes vides dans ta planification.
Tu peux laisser une heure pour commencer. Cela va permettre de régler un problème de dernière minute, de prendre plus de temps sur une leçon que les élèves ne maitrisent pas, de les laisser terminer un travail… Bref, de faire face aux imprévus et de prendre le temps.
Et cela fera de toi un enseignant plus détendu, moins stressé par le temps qui passe. L’ambiance de classe sera plus zen. Tes élèves te remercieront.
3. Limiter le travail à la maison
Combien de fois il m’est arrivé de passer mes soirées ou mes week-ends à travailler et à culpabiliser de ne pas passer ce temps avec mes enfants ? Combien de fois je ne les ai pas accompagnés en promenade dominicale parce que je devais « bosser » , les larmes aux yeux ?
J’ai compris aujourd’hui que frustration, culpabilité et fatigue ne font pas de moi une bonne mère, ni une meilleure enseignante. Maintenant, c’est terminé.
Travailler à la maison c’est OK, mais il faut se fixer des limites. Le travail ne doit pas empiéter sur ta vie de famille.
Planifie des périodes pour la correction. Pour ma part, c’est pendant la pause méridienne, et une heure en fin de journée. Je m’accorde également quelques heures le mercredi pendant les activités sportives des enfants. Si ce n’est pas terminé, tant pis. Ce sera fait le lendemain ou pendant une autre période libre.
Les élèves ne vont pas souffrir de ne pas avoir leur copie corrigée le jour même.
4.S’accorder des petits moments de pause et de reconnexion
Une journée de classe est intense et il est utile de se réserver des petits moments pour soi.
Cela peut être le soir après la classe, (avant de récupérer tes enfants et de démarrer ta deuxième journée pour les parents-profs), pendant la pause méridienne, ou même avant la classe. Une petite marche dans la nature, quelques étirements et des exercices de respiration te feront te sentir plus serein(e).
Cela peut même être en classe. Personnellement, je commence toujours la journée de classe avec un moment d’écriture libre où les élèves peuvent se vider la tête, de lecture et d’étirements. Cela ne prend pas plus de 10 minutes, mais permet de commencer la journée de manière beaucoup plus détendue. Les élèves apprécient, et moi aussi !
5. Ne pas multiplier les projets pédagogiques
Rien ne sert de partir tête baissée dans une multitude de projets.
Ça parait bien comme ça, sur le papier. Les enfants seront contents, les parents aussi. Mais comme tu le sais, chaque projet peut demander des heures de préparation, hors temps scolaire. Vouloir en faire trop va alourdir ton emploi du temps déjà bien (trop) rempli. C’est le stress et l’épuisement garantis.
Choisis un ou deux projets, et garde en tête ceux que tu n’as pas le temps de faire cette année pour une autre année.
6. S’appuyer sur des manuels et des supports pédagogiques de qualité
Il existe de nombreux supports pédagogiques clé en mains qui te feront gagner du temps et de l’énergie.
Tu peux trouver une multitude de séquences toutes faites sur internet. Néanmoins, toutes ne se valent pas, et tu peux vite perdre un temps considérable au milieu de toutes ces ressources.
Je te conseille plutôt de trouver des manuels scolaires de qualité. Prends le temps de les feuilleter avant de les acheter pour trouver ceux qui te conviennent. On n’a pas tous les mêmes méthodes d’enseignement ni la même réalité de classe (double, voire triple niveaux, classes flexibles…).
7. Limiter les corrections
Les corrections (des cahiers du jour, des copies, des évaluations, des productions d’écrits, des cahiers de textes, de cahiers de leçons….) sont vite très chronophages.
Pour éviter de crouler sous les piles de corrections, il convient de les limiter au maximum. Voici quelques astuces :
–Utiliser l’ardoise au maximum. Cela permet de corriger en direct, de commenter les erreurs (souvent constructives), de débattre.
–Corriger collectivement certains exercices du cahier du jour. Cela prend du temps en classe, certes, mais permet un retour immédiat sur son travail pour l’élève et cet exercice n’a pas à être corrigé une deuxième fois par l’enseignant. La prise de correction doit dans ce cas être enseignée en début d’année.
–Opter pour un cahier d’exercices, ou cahier d’entraînement. Ce cahier n’est pas corrigé par l’enseignant et il reste en classe. Il doit tout de même être bien tenu. Les corrections sont collectives.
–Utiliser un cahier de textes numérique. Ainsi, les parents ont accès aux devoirs. Plus besoin de corriger les cahiers de textes des jeunes élèves.
-Élaborer des grilles de relecture et de correction. Utilisées correctement, les élèves font un écrémage de leurs erreurs avant de rendre leur copie.

Le travail d’un enseignant ne se limite pas aux heures passées devant les élèves et si tu n’y prends pas garde, il empiète vite sur ta vie personnelle. Il est souvent difficile de déconnecter, de se détacher des élèves et des préparations, de se vider la tête. Il est toujours possible de faire plus, de faire mieux, le travail n’est jamais terminé. Pourtant, il est important de savoir se poser des limites et d’être à l’écoute de son corps. Ne laisse pas ton travail envahir toute ta vie. Il est possible d’enseigner sans s’épuiser. Tout ne sera pas toujours parfait et ce n’est pas grave. Concentre-toi sur l’essentiel et tant pis si ton cahier journal ou la déco de ta porte de classe ne sont pas dignes de Pinterest. N’oublie pas que le plus important est le bien-être et l’épanouissement des élèves, et cela passe aussi par une ambiance de classe sereine. Un professeur bien dans sa peau, transmettra de meilleures ondes et sera un meilleur exemple. Tout le monde a y gagner. Prends soin de toi !
Si tu le souhaites tu peux télécharger les résultats du baromètre du bien-être des enseignants ici :
Merci pour cet article et ces précieux conseils que je vais essayer d’appliquer pour ne plus subir mon métier.